You're standing on my neck
Pour palier l'ennui.. chacun ses manières. J'en ai observées plusieurs : il y en a qui dorment, d'autres qui bavardent, d'autres encore qui jouent au pendu. Moi, je dessine. Comme l'a évoqué Alexandra, ma lubie du moment sont les monstres.
Il faut dire que j'ai de quoi m'inspirer autour de moi : entre le gang des monstres à pellicules et polaires Quechua (On l'avait bien dit, dans Elle, que le polaire est à proscrire cet hiver! ) et le club tupperware des mariées-4enfants (on parle de nanas de 20 ans, hein) , mes muses me gâtent !
La dernière et seule personne qui me tenait compagnie s'en est allée : elle avait peur de mes mutants. Elle s'est trouvé une autre copine, qui dessine des bébés. Mais devinez quoi ? La nouvelle copine est encore plus monstrueuse que mes dessins. Et pour faire plaisir à mon cher public, je propose un interlude interactif. Ce jeu s'appelle "Où est Nessie?" : Ladite nouvelle copine est cachée sur cette page de monstres. Retrouve-la ! (Solution au prochain numéro)
Septembre 2008. Il y a des lustres que je n'avais pas vécu une rentrée avec autant de hâte et d'enjouement : Nouvelle fac, nouveaux cours, nouvel emploi du temps, nouvelles personnes, nouvelle liberté .. nouvelles résolutions pleines de bonne volonté !
Je ne reviendrai pas sur ma déception relative aux cours, Alexandra l'a déjà très justement expliquée.
Non parce que, vous le savez tout aussi bien que moi, le mot "rentrée" sonne plutôt dans nos pauvres têtes naïves comme le mot "ren-con-trée".
Aaaah, il était beau le mois d'août, celui durant lequel, les yeux pétillant d'espoir, je m'imaginais déjà devenir une nouvelle personne, une Mariel, jeune et beau papillon scintillant qui abandonnerait son sale passé de Muriel chenille terreuse derrière lui.
"Je vais enfin être sociable !"
Ahahaha. Pas même passé le premier jour, le sourire gentiment niais qui illuminait mon radieux visage, s'est métamorphosé en douloureuse grimace. Papillon a amputé ses jolies ailes, les a piétinées, puis les a mangées. Retour à la case départ, ne touchez pas 20 000 francs. Finalement, croire qu'on peut changer est une vue de l'esprit.
"Je vais enfin rencontrer des gens intéressants !"
Premier cours d'anglais : madame le professeur propose un tour de classe pour faire les présentations. Il suffit de répondre à 3 questions, ce n'est tout de même pas trop demander. Quel est votre nom ? Pourquoi avez vous choisi cette licence ? Avez-vous des hobbies dans la vie ?
Je vous épargne la liste des réponses de la première question, je ne suis pas sadique à ce point.
Pour la question numéro 2, réponse unanime : "oh.. bah.. euh.. licence de physique.. parce que j'aime bien la physique ?"
Logique me direz-vous, et j'admets que sans préparation, il n'est pas simple de développer une argumentation de 5 parties à 3 sous-parties. Passons.
Voici arriver la 3e question, qui aurait cru qu'elle susciterait tant d'émoi ? J'ai vu tour à tour les visages des élèves se crisper, se contracter; j'ai vu des veines saillir de fronts et palpiter au rythme de battements cardiaques anormalement élevés; j'ai vu des perles de sueur parcourir timidement des tempes; j'ai vu; j'ai vu. "On ne vous a pas demandé quel était le sens de la vie !!!"
Et finalement, les faces se sont détendues, comme pour lâcher un râle de soulagement : "Non, non, je n'ai pas de hobbies". "Moi non plus, je ne crois pas en avoir". "Ah mais moi, je ne fais rien".
Arrivé mon tour de répondre, l'english teacher, manifestement toute autant désespérée que moi, n'a même pas pris la peine de me poser la 3e maudite question.
Voilà, dans ma classe, personne ne fait rien, personne n'aime rien _ si ce n'est, peut être, la physique _ et comme pour clore définitivement notre unité, les rares qui possèdent encore la faculté d'être passionnés doivent se taire à tout jamais.
Pauline